Audrey
Je suis fatiguée…
Depuis que j’ai été diagnostiquée, j’en parle beaucoup, peut-être trop. Parler de maladie et de souffrance peut paraître indécent. Mais en parler m’a sauvée : des comportements souvent incompris que j’ai pu avoir ont enfin une explication! je suis enfin entendue et comprise par mon entourage et mes amis!Moi, je n’ai pas juste mal pendant mes règles comme on l’imagine. Non, certains cycles, je peux avoir mal plus de 20 jours et lutter contre une fatigue harassante pendant des mois, avec comme seuls compagnons mon lit et mes oreillers.Toute vie sociale devient compliquée : j’ai épuisé tous les stocks d’excuses pour refuser des invitations. Aller au restaurant était un cauchemar : je payais cher les plats que je choisissais.Je dépense des fortunes pour maintenir un certain confort de vie : entre les courses pour l’alimentation anti-inflammatoires, les compléments, les cours de yoga-pilate-méditation.Les rdv avec les médecins m’ont coûté aussi : expliquer encore et encore des ressentis et entendre encore et encore que c’est dans ma tête.J’ai 38 ans, et après des années de douleurs, j’en suis presque à dire adieu à ma vie sexuelle et amoureuse. Et je me sens seule face à ça, je n’ai plus l’énergie d’affronter encore le manque de considération du monde médical. De part l’inertie dûe à la fatigue, moi grande sportive, j’ai progressivement tout arrêté : et j’ai vu mon corps changer, j’ai dû gérer des regards pas forcément bienveillants sur ce qui passait pour du laisser-aller.Et moi je fais partie des chanceuses en réalité : j’ai une famille qui connait cette maladie qui était là avant moi, une famille exceptionnelle qui m’écoute, me soutient et m’aide. J’ai des amis qui comprennent et ne me jugent pas.Dans le milieu professionnel, encouragée par mon directeur, j’ai pu demander un télétravail. J’ai les moyens de me payer des cours de yoga-pilate-méditation toutes les semaines, des compléments alimentaires, des séances d’ostéopathie, de tester un peu tout ce qui pourrait m’aider (ma limite sera le Grand Marabout Guérisseur, mais des fois je suis à deux doigts de craquer). J’ai de la chance aussi d’avoir les bons contacts : ma kiné fait officiellement partie des personnes que j’aime le plus au monde. Je suis baignée d’informations complémentaires très utiles dans mon milieu professionnel.