» Oeuf clair.
C’est ce que me dit l’échographe lors du rendez-vous de datation, un peu de tristesse mais je savais que c’était possible. Il faut maintenant attendre que la fausse couche se fasse naturellement sinon il faudra déclencher. C’est finalement ce moment d’attente pour passer à autre chose qui est difficile.
Et puis le rdv est programmé, je connais enfin la date où je pourrais passer à autre chose, JE, car bien souvent on gère ça toute seule… La veille du rdv la fausse couche se déclenche, on appelle le 15, on me dit « Oui vous faites votre fausse couche. Ça suit son cours. Oui vous pouvez aller aux urgences. » Mais je perds beaucoup trop de sang, impossible d’aller aux urgences par mes propres moyens sinon mon véhicule sera irrécupérable. Je rappelle le 15, « Oui bon ben vous avez évacué, si vous voulez un véhicule de transport ça va pas être pour tout de suite ».
En même temps qu’elle idée de faire sa fausse couche un 1er Mai.
Une fois prise en charge et arrivée aux urgences, l’infirmière dit à ses collègues ! « Euh la dame, elle fait des caillots en quantité industrielle !!! » Hémorragie, curetage, anesthésie générale, transfusion…
Mon traumatisme n’est pas cette non grossesse que j’avais bien intégré, mais cette négation de grossesse et cette non reconnaissance de la connaissance de mon corps, cette banalisation d’un tel événement et les conséquences psychologiques niées, c’est finalement ça le plus dur.
Alors au début, ce n’était qu’un événement un peu banal dans le processus pour devenir parent ET « grâce » à cette banalisation de certains soignants, c’est devenu un événement de ma vie qui m’a marqué plus que je ne l’aurai imaginé.
Un immense merci aux sages femmes qui étaient près de moi pendant la transfusion. On a pu échanger sur nos parcours de conception, sur le pourcentage très révélateur de fausse couche et sur le fait qu’il soit tu, comme un tabou…. »
Anne-Laure
Silencieux
