Exploration

Estelle

Prisonnière…

Errance. C’est le mot qui me vient pour qualifier mon parcours avec l’endométriose. Une errance médicale à travers laquelle mes douleurs ont eu tellement peu de résonance. Ma vie qui s’est calée au rythme de mes crises interminables. Des ingestions de médicaments pour faire taire les hurlements. Un chuchotement insupportable, ou une voix qui tombe, comme un couperet : « C’est normal d’avoir mal pendant ses règles ». Me dire en serrant les dents entre deux malaises, deux vomissements, deux hémorragies, deux brûlures de bouillotte que j’enfonce dans mon ventre…Que je dois alors être bien folle. Et pourtant, au fond de moi, je l’ai toujours su. Que … Non, ce n’est pas « normal ».

Je suis Estelle, j’ai trente ans, et cette année j’aurais avalé 7000 comprimés de pilules depuis 17 ans. Je suis atteinte d’endométriose et celle-ci n’a été diagnostiquée qu’en 2019. Le 17 janvier 2019 exactement. J’ai eu mal dès mes premières règles, la veille de mon treizième anniversaire. On m’a mis directement sous pilule. Sans investiguer plus loin. D’abord des pilules classiques puis des pilules continues. Celles qui « suppriment » les règles. Pendant sept ans je n’ai pas saigné. Et les douleurs se sont atténuées. Un combo de « je t’aime – moi non plus », ambivalent. Retrouver la joie de vivre tout en ayant l’impression de perdre une partie de ma féminité. J’ai reconnecté à mon corps par la danse libre, sauvage, initiatique. Et soudain, en mai 2018 je décide d’arrêter la pilule. Pour voir. Pour retrouver mes cycles. Coucou, la cocotte-minute a littéralement explosé. Et je passe des mois alitée, souffrante, inflammée dans tout mon corps. Je ne tiens plus sur mes pieds, je rampe pour me déplacer. Pour la première fois, un gynécologue m’écoute. Je passe une IRM avec “No woman no cry” dans les oreilles. Belle ironie. Et je suis diagnostiquée d’une endométriose profonde à un stade avancé. Je suis à la fois sous le choc et soulagée. De l’errance, je passe à l’exploration. Vous connaissez l’expression « patient-expert » ? Nous y voilà ! Alors aujourd’hui, je suis toujours sous pilule et je suis suivie par des médecins spécialisés. En même temps, je cultive mon jardin de guérison. Je soutiens mon corps et mon énergie vitale en prenant soin de mon alimentation, mon système d’élimination et mon système nerveux. Surtout, je continue de danser ! Plus de mouvement et de douceur, pour aller vers plus de naturel, pas après pas. Aujourd’hui, je vois « mon » endométriose comme une invitation à cheminer vers plus d’amour, d’alignement et d’attention…de moi à moi.

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