M & E // Chapitre 1 : séance grossesse à l’Etang-Salé

Meghann & Elvis : « évidence »

Se rencontrer

Il y a des jours comme celui-ci où nous n’imaginions pas une seule seconde qu’il changerait le cours des suivants.

Ce fut pourtant le cas dans cet été austral réunionnais.

25 février 2021 / 16h50

Je rejoins un couple de futurs parents pour une séance photo grossesse à bassin Pirogue à l’Etang Salé. Je ne connais pas encore cet endroit et les images que le couple m’a montré me rendent impatiente de le découvrir.

A mon arrivée, le soleil est encore un peu haut mais je sais que ce coucher de soleil nous offrira un beau jeu d’ombres et de lumières.

Nous faisons connaissance au fur et à mesure de la séance : balade le long du bassin, petite pause pour cajoler bébé, pied dans l’eau pour se rafraîchir. Nous finissons tout au bout du bassin, à l’écart des regards.

Meghann :

Elvis et moi sommes nés dans la même maternité d’une ville d’à peine 15000 habitants, dans l’Orne. Nous avons grandi à 15Kms l’un de l’autre, nos chemins se sont souvent croisés, mais sans jamais se rencontrer. Le destin a attendu le bon moment pour que nos regards se croisent enfin. Et immédiatement, nous avons eu ce ressenti de familiarité, comme si nous nous étions toujours connus. C’était évident.

Très vite, nous abordons ces sujets : la vie de famille, l’éducation et les valeurs que nous souhaiterions leur transmettre. En parallèle, nous dessinons notre changement de vie, direction l’île de La Réunion.

Nous connaissions déjà cette île l’un comme l’autre et en étions déjà respectivement tombés amoureux. Encore une fois, une évidence.

Nous faisons le grand saut, famille et amis nous soutiennent dans ce projet, et nous nous installons dans le sud-ouest de l’île. Sans aucun regret. C’est évident, notre place est ici.

Quelques mois pour trouver nos marques, puis l’envie de fonder notre famille se fait de plus en plus prégnante.

Je me pose de nombreuses questions autour de cette possible maternité à venir. Jusqu’à ce que je rencontre la professionnelle auprès de qui cela apparaît comme une évidence, encore une fois.

Environ quinze jours après le retrait de la contraception, je suis enceinte.

Ce bébé n’attendait que notre feu vert pour se nicher au creux de mon ventre, il ne s’est pas fait attendre ! Nous savourons cette grossesse qui se passe à merveille.

Elvis est très investi et impatient. Nous attendons une petite fille. Nous décidons de nous préparer en duo pour cette naissance que nous voulons la plus naturelle possible, dans le respect de la physiologie. C’est tout naturellement que nous nous tournons vers la maison de naissance Manao pour préparer cet accouchement.

Au huitième mois, nous nous offrons le plaisir d’immortaliser cette grossesse sur un lieu qui nous est cher, le bassin pirogues de l’Étang Salé. Nous faisons alors une rencontre qui sonne encore comme une évidence.

Meghann et Elvis sont blottis l’un contre l’autre.

Je leur propose de se connecter à ce moment présent, à leur respiration, à leur bébé.

On profite de ce temps suspendu sous la douceur des rayons qui enveloppent d’une belle robe dorée cette famille en devenir…

La séance se termine. Nous continuons à discuter assis tranquillement.

C’est alors que Meghann me dit qu’ils accouchent en maison de naissance.

Là, dans ma tête, ce sont des étincelles qui pétillent. J’en rêve depuis des années… « Si vous cherchez une photographe…je peux être là pour vous accompagner». Meghann me regarde alors et me dit : « Figure-toi qu’on en a déjà discuté ! »

Feux d’artifices !!!

Quelle probabilité y avait-il que LEUR projet de naissance vienne rencontrer MON rêve d’offrir aux parents ce reportage si intime ?

Je ne sais combien de couples à La Réunion. Je ne sais combien de photographes sur cette île. Et pourtant, l’univers venait de faire croiser nos chemins qui ne demandaient qu’à se croiser.

Le soir même, je regardais le site de MaNaO et je découvrais les valeurs de ce lieu où la naissance se fait « comme à la maison ».

27 février 2021 / 14h08

J’ouvre le mail de Meghann : « Merci encore pour ce joli moment, nous avons vraiment hâte de découvrir le rendu et savons d’avance que nous allons être obligés de craquer sur davantage de photos… J’ai parlé de toi à notre sage-femme (une femme superbe). Elle aussi est de ton avis, à plein de reprises elle pense qu’il serait tellement beau d’avoir quelqu’un pour capter ces moments… ».

A cette seconde même, mon corps entier vibre.

A partir de cet instant, mon esprit n’a de cesse d’y penser.

Je lui réponds surexcitée et termine avec un: « Olala je réalise en écrivant ces lignes qu’il va peut-être se passer quelque chose de magique d’ici peu… ».

« Peut-être » car ce reportage allait me demander une organisation importante. Même si j’allais tout faire pour que ça soit réalisable, j’avais déjà un emploi du temps bien rempli et je ne savais pas encore si je trouverais les solutions pour allier sérénité personnelle et professionnelle. La seule chose que je savais, c’est que j’allais y mettre tout mon cœur pour y parvenir !

9 mars 2021 / 15h35

J’étais prête. Que ça arrive de jour comme de nuit. Je serai là !

Vinrent mes premières semaines d’astreintes… Le terme de Meghann était début avril. Un mélange de stress et d’excitation. Moi qui venais de commencer à m’inscrire dans une nouvelle manière de vivre avec, ou plutôt, sans mon téléphone (merci Kafteuse pour cette prise de conscience et cette nouvelle philosophie de vie), je me retrouvais à être à l’affût du moindre signal.

Nous avions convenu que c’était Elvis qui m’écrirait quand le travail commencerait pour que je me prépare tranquillement. Leur sage-femme reprendrait ensuite pour leur permettre de rester dans leur bulle. Si ça arrivait de nuit, il savait qu’il devait me faire sonner 2 fois afin de faire sauter le mode « Ne pas déranger ».

Nous avons beaucoup échangé avec Meghann sur leur projet de naissance, leurs envies, leurs craintes, leur vision de l’accouchement, ma place à leur côté et les limites de mon reportage… Elle m’évoque le placenta lotus et l’empreinte placentaire. C’est une découverte pour moi et ça me parle immédiatement !

Nous nous tenions informés mutuellement, elle, des signes de son corps, moi de mes allées et venues. Je me souviens de ce matin du 23 mars où je lui ai écrit : « Dis moi tout va bien pour toi aujourd’hui ?? Je pars sur Cilaos alors je vérifie juste au cas où… » accompagné de petits cœurs (oui oui tous les émojis cœurs ou étoiles ont été très sollicités. Sa réponse m’a fait frissonner et remise en alerte :

« J’ai eu quelques saignements dimanche soir. RAS ce matin, tout va bien. Mais sache en tout cas que ça se prépare de + en +… ».

De mon côté, j’avais lu des articles au sujet de la maternité et l’accouchement (Quantik Mama), visionné plusieurs documentaire et films, écouté des interviews, des podcasts (La Mastrescence, Karma Mama). J’ai aussi contacté plusieurs collègues photographes spécialisées dans les reportages de naissance. Leur expérience, leurs mots me paraissaient précieux. J’ai pu poser mes questions, connaître leurs organisations, réfléchir à la mienne, cheminer sur mon positionnement. Merci encore une fois chaleureusement Delphine Regard de Zèbres pour cette bienveillance et ce temps que tu m’as accordé par téléphone ainsi qu’à Audrey L’art de l’enfantement, pour ton retour d’expérience et tes conseils.

J’étais déjà habituée au travers des séances en famille, des mariages ou des reportages entrepreneurs à être là mais sans interférer dans la scène. C’est ma façon d’aborder la photographie. Laisser libre cours à la spontanéité et à l’authenticité du moment. Lors de l’accouchement, ça serait au paroxysme de cette « invisibilité ».

Et puis il y a eu LE sms…

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Paget Aurélie

Belle rencontre, bouleversante

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